Camille, le film d’une journaliste dévouée

A l'occasion de la résidence de la grande reporter Karen Lajon (JDD), les élèves ont visionnés deux films qui soulignent l'engagement de femmes journalistes : Under the Wire et Camille. Erin et Manon proposent de revenir sur celui qui met en lumière le parcours de la photographe Camille Lepage.

Une oeuvre inspirée de faits réels

Camille est une photojournaliste passionnée, idéaliste et engagée. Elle centre son travail sur les pays d’Afrique. En 2013, elle n’hésite pas à quitter la France pour la Centrafrique quand une guerre civile commence à déchirer le pays. Elle a pour ambition d'aller dénoncer la dure réalité qui s’installe insensiblement dans un conflit qui oppose Chrétiens (anti-Balaka qui soutiennent l’ancien président) et Musulmans (Séléka fidèles au président actuel). Les pays étrangers se mêlent rapidement au conflit et en accentuent la médiatisation. Les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles au fur et à mesure que la guerre s’intensifie.

Camille’ est un film qu’on peut sans hésiter qualifier de dramatique. Coécrit et réalisé en 2019 par Boris Lojkine, cette œuvre franco-centrafricaine dépeint la vie de la photo-reporter.

Nos ressentis

Dans ce film, Camille Lepage (interprétée par Nina Meurisse) se retrouve en Centrafrique un peu par hasard. Elle est à Paris lorsqu’elle demande un avis sur ses photos à un directeur de la photographie chez Libération, qui lui répond qu’elle n’a pas trouvé son style alors qu’elle lui parle des gens qui meurent. Cette vision nourrira le film sur Camille, l’Angevine prête à tout pour sauver “ l’Afrique et ses petits noirs ” (dixit son frère dans le film). Camille est pleine de bonne volonté, et prête à tout pour aller au bout de ses convictions (quand on lui propose par exemple un reportage en Ukraine, elle préfère retourner en Centrafrique pour documenter le conflit).

L’histoire décrite est poignante.

Nous avons apprécié le fait que la plupart des acteurs soit des habitants mêmes de Bangui et que l'œuvre soit représentative de cette guerre et de la situation politique centrafricaine.

Cependant cette Camille fictive nous semble naïve : elle défend ce qu’elle pense juste mais donne également l’impression de croire en un monde idéal et irréaliste. A l’entendre, tout semble simple et il suffirait de bonne volonté entre les Seleka et les anti-Balaka pour que la guerre prenne fin. Bien qu’elle tente de se mettre à la place de la population locale, on ressent tout de même une certaine distance entre elle et les protagonistes directement concernés par ce conflit. C’est ce que lui reproche Cyril (un des personnages du film), d’avoir une vision de “blanche”, de “colonisatrice”.

Par Erin Chevalier et Manon Vella