Pose des pavés de mémoire de Pont-Audemer, 2024
Le 8 avril 2024, l’artiste Gunter Demnig est venu à Pont-Audemer pour poser les deux pavés en souvenir du couple Aszendorf, déporté en 1942 de Pont-Audemer à Auschwitz. Une dizaine d’élèves bénévoles de classe de seconde, de première et de terminale ont conçu et préparé la cérémonie. Une classe de CM de l’école primaire Paul Herpin a participé avec des dessins réalisés sur la vie des Aszendorf à Pont-Audemer avant et pendant l’occupation allemande.
En Avril 2024, les élèves des l'Atelier médias ont couvert la pose des pavés en présence de l'artiste. Vous pouvez retrouver leurs reportages et interviews dans le Mag Actu à partir de 34'41 min.
Discours prononcés par les élèves qui ont participé à l'Atelier du souvenir
Margaux Rodeff & Alicia David
Bonjour, nous allons vous présenter les pavés de mémoire. Qu’est-ce que les pavés de mémoire ? Les pavés de mémoire sont des plaques commémoratives pour rappeler les noms des habitants d’une ville qui ont été déportés pendant la dictature nazie et l’occupation. On oublie un être humain seulement quand on oublie son nom, dit Gunter Demnig. Ces personnes déportées ont été des résistants, ou bien des persécutés. En Europe, notamment en Allemagne les pavés de mémoires rappellent les noms des victimes de nazisme. Ces pavés sont nommés les « Stolpersteine » en allemand. Cela veut dire « pavés sur lesquels on trébuche ». On y retrouve la date de l’assassinat de la victime, son nom, son lieu de décès ainsi que sa date de déportation. Les Stolpersteine sont un projet allemand lancé en 1992 par l’artiste Gunter Demnig ici présent. Les pavés posés à Pont-Audemer par Gunter Demnig sont ceux qui rendent hommage à Issac et Bronislawa Aszendorf qui sont deux juifs ayant vécu à Pont Audemer avant d’être déportés à Auschwitz. Aujourd’hui nous savons également que deux jeunes filles juives ont vécu a Ecaquelon, à côté de Pont-Audemer, cachées par leur nourrice courageuse). Elles ont été déportées en 1943. Ces dernières, se nomment Marcelle Szpiro et Thérèse Rajngewerc, afin de leur rendre dignement hommage une plaque a été sceller sur l’école d’Ecaquelon en 2013.
On peut retrouver plus de 80 pavés de mémoire à Rouen et Le Havre. Nous en avons vu aussi en Allemagne ou en Hongrie, lors de voyages scolaires. Il y a une application pour se renseigner sur leur vie.
Kylian Hébert
Mesdames et Messieurs,
2024 est une année importante pour chaque Français et Française. Elle marque les 80 ans de la Libération de notre région ainsi que de notre ville. Cette libération a été un moment de joie pour toutes les populations locales qui ont subi l’oppression des forces armées allemandes pendant quatre années. Cette joie est cependant contrastée par les esprits meurtris de beaucoup de personnes par la perte de leurs proches sur le front ou dans les camps de mise à mort.
76 000, c’est le nombre de Juifs déportés de la France : Isaac et Bronislawa Aszendorf en ont été victimes et nous sommes ici aujourd’hui pour leur rendre hommage.
En ce jour de commémoration, en tant que futur citoyen, il me tenait à cœur de prendre la parole autour du devoir de mémoire.
En tant que jeunes, nous nous devons de rendre hommage à tous les Juifs et toutes les Juives ayant perdu la vie dans des conditions horrifiantes.
Ayons également une pensée pour les Juifs s’étant battu pendant la Résistance pour libérer la France de l’occupation allemande. J’ai une pensée évidemment pour Missak Manouchian récemment panthéonisé à Paris pour ses actes de bravoure dans le but de sauver une patrie qui n’était pas la sienne et ce, au péril de sa vie.
Rendons hommage à toutes ces personnes qui se sont battues et qui ont péri afin que nous puissions vivre en paix et en liberté aujourd’hui. La place des jeunes dans ce processus de perpétuation du devoir de mémoire est primordiale.
Nous nous devons d’être informés sur les erreurs du passé pour mieux comprendre le monde contemporain dans lequel nous vivons.
C’est un défi, et c’est un défi que nous devons relever ensemble en collaboration avec les collectivités territoriales, les établissements scolaires au travers de l’étude des programmes et au travers de projets comme celui-ci mais également avec l’aide de toutes les personnes ayant survécu à la Shoah et qui, par leur témoignage nous apporte une connaissance approfondie des horreurs qu’ils ont vécu et de l’atrocité des actes entrepris par les Nazis.
Ensemble, faisons en sorte de transmettre les mémoires nationales et familiales aux générations futures.
Ensemble, faisons en sorte de ne pas tomber dans l’oubli et de perpétuer la mémoire de toutes les victimes.
Ensemble, faisons en sorte que cela ne se reproduise plus jamais dans notre histoire et dans l’histoire qui sera celle des futures générations.
La perpétuation du devoir de mémoire au fil des générations est un enjeu de grande ampleur que la nation française se doit d’accomplir pour nos ancêtres mais également pour les futurs citoyens que nous sommes.
Justine Maréchal & Adrien Chaise
Commémorer sans connaître, reviens à apprendre sans comprendre, ça n‘a que peu d’intérêt. Les pavés que nous installons aujourd’hui doivent nous rappeler à qui ils sont destinés. Isaac et Bronislawa Aszendorf, sont deux habitants de Pont-Audemer originaires de Lwow (aujourd’hui Lviv en Ukraine), en Pologne.
Isaac était commercial en Pologne dans une huilerie. C’est grâce à son métier qu’il a eu un visa de commerce dans les années 1930 pour la Belgique et la France et qu’il s’y est installé.
Arrivé en France, il travaille dans une fromagerie à Pont-Audemer pendant six ans.
En 1937, il est tenu de rentrer a Lwow pour aller voir sa mère malade. C’est lors de se voyage qu’Isaac rencontre Bronislawa. Ils se marient, puis Isaac rentre en France. Bronislawa doit quant à elle attendre en Pologne que la France accepte de lui donner un visa. Il faut attendre 1938 pour que Bronislawa et Isaac se retrouvent. Après un séjour à Paris, le couple retourne en Normandie et Isaac redevient fromager. Pour permettre à Bronislawa de rejoindre Isaac en France, les services de renseignements français ont procédé, comme pour tous les étrangers, à une enquête de moralité. En 1940, le couple participe alors au recensement demandé par les les autorités allemandes. En 1942, le préfet de l’Eure ordonne à tous les juifs de porter une étoile jaune nommée officiellement « Insigne spécial ».
Le 13 juillet 1942, une rafle a lieu à Pont-Audemer. Le couple est alors arrêté pour être emmené à Pithiviers. Ils sont déportés à Auschwitz dans le convoi n°13 et n° 14.
Si jamais vous ne deviez retenir qu’une chose, c’est avant tout que les Aszendorf sont exactement comme nous : Issac exerçait un métier très répandu, habitait une petite ville normande. Et bien que Polonais d’origine il avait tout fait pour devenir français. Cette France qu’il souhaitait intégrer et la même qui les a livrés. De ce pavé, nous regardons le passé douloureux d’une famille anéantie mais également de la responsabilité française.