Portraits de femmes engagées
La place des femmes dans le journalisme de guerre
Obus et balles ne font aucune différence entre la couverture de la guerre au masculin ou au féminin. Le danger est le même. Il fait partie de la vie au front. Pourtant, il n’y a pas si longtemps encore, une petite phrase assassine finissait toujours par exploser : « Ce n’est pas une place pour une femme ! ». Cette phrase ressort souvent quand une journaliste dit qu’elle est reporter de guerre. On va alors lui dire que c’est un métier trop dangereux et qu’elle ferait mieux de rester à travailler dans des bureaux, c’est plus sûr. Certes, le métier de reporter de guerre comporte des risques, mais les risques restent les mêmes qu’importe le genre. Au contraire, plusieurs témoignages de femmes reporters de guerre nous rapportent que parfois, cela peut avoir des avantages d’être une femme : Mónica G. Prieto raconte dans une interview que cela est « plus facile de travailler seule et habillée comme une locale dans certains contextes (comme en Syrie, en Afghanistan ou en Irak lorsque la vague des enlèvements a commencé : plus tu étais visible, plus tu étais sûre) ». De plus, cela peut leur permettre d’entrer dans des pays où leur statut de femme sera plus reconnue que celui d’un homme, et donc d’accéder à des interviews et des informations exclusives. Cela leur donne aussi un autre avantage considérable : les personnes interviewées se méfieront moins d’une femme que d’un homme et seront donc plus enclin à partager des informations. Les femmes reporter de guerre ne sont pas nouvelles : elles sont présentes depuis le début mais ont malheureusement été mises à l’écart et souvent, des hommes se sont attribués le mérite de leurs exploits : par exemple, contrairement à ce que tout le monde croit, Ernest Hemingway n’a pas été le premier a débarqué en Normandie afin de couvrir le débarquement mais Martha Gellhorn, sa femme à l’époque. Alors, que peut-on dire sur la place des femmes dans le journalisme de guerre ? Et bien, qu’après des années et des années à être ignorées et rabaissées, elles ont enfin été reconnues et récompensées pour leur magnifique travail.
Oriane Thonnel, Mazarine Sanson
Keïssa Terrier met en lumière les parcours de trois femmes engagées pour informer dans des zone de conflits : la graffeuse Alham Jarban (Yemen), la photo-reporter Maryam Ashrafi (Iran, Irak, Kurdistan), et la journaliste Edith Bouvier (Syrie).
Inès Lebedeff & Juliette Touze ont réalisé une galerie de portraits de femmes journalistes en fonction de leur format médiatique de prédilection : Camille Lepage (photographie) ; Waad al-Kateab (documentariste) ; Margaux Benn (radio) ; Marie Colvin (presse écrite).