Photos fictions

A partir d'une photographie qui les a particulièrement touché lors d'une exposition qu'ils ont découvert à Bayeux pour le Prix des correspondants de guerre, les élèves de l'Atelier médias écrivent un texte mêlant ressentis et fiction. Ce texte libre, peut également prendre une forme radiophonique.



Portrait d'une femme Kurde à Kobane

Maryam Asharafi, Portrait d'une femme Kurde, Kobane, 2015-2018

Photo Fiction réalisée par Jeanne Parachini à partir d’une photographie de Maryam Ashrafi

Parmi les photos de l’exposition « S’élever au milieu des ruines, danser entre les balles », de Maryam Ashrafi, l’une d’elles m’a interpelée. Elle avait pour légende : « Une vieille femme kurde, de retour chez elle : un regard qui en dit long sur l’ampleur du désastre. »

Sur cette photo, un paysage dévasté s’offre à nous. Au premier plan, une femme observe le désastre avec nous. Le vent souffle dans les rues désertes, s’engouffrant dans les bâtiments vides, refroidissant ses mains abîmées

...

Ezma a quitté sa maison il y a trois mois. La guerre s’est installée dans son village et elle a dû se résoudre à partir. Dans le camp de réfugiés, elle a survécu, surmontant la peine et la souffrance, gardant toujours l’espoir de retrouver cette maison.

Trois mois, à la fois si longs et si courts. Trois mois, suffisant pour détruire la vie.

Lorsqu’Ezma découvre son village, l’espoir s’effondre, la peine vient et s’intensifie, toujours plus grande, toujours plus douloureuse.

Puis elle se résigne. Son visage, marqué par le temps, est dénué de toute haine. Ses traits laissent deviner sa peine, si grande qu’elle semble porter tous les malheurs du monde sur ses épaules.

Elle est seule au milieu d’un décor sombre, pourtant elle semble lumineuse au milieu des ruines. Elle observe ce funeste tableau, telle une sainte découvrant les atrocité dont les Hommes sont capables.

Que s’est-il réellement passé pour cette femme? Impossible de le savoir, mais son visage nous invite à deviner sa détresse.




Photo Fiction radio de Marie Parachini

Portraits de femmes combattantes dans le nord de l'Irak à Sinjar

Maryam Ashrafi, Portraits de femmes combattantes, Sinjar - irak, 2016

Photo Fiction radio réalisée par Marie Parachini à partir d’une photographie de Maryam Ashrafi



Photo fiction

Maryam Ashrafi, Photographie d'un crâne de combattant Kurde, Kobane 2015-2018

Photo Fiction de Mary Lecarpentier & Lucille Cras (2de8), d’après une photo de Maryam Ashrafi

Plus un bruit.

Plus un son.

Plus un cri.

L’horrible combat laisse maintenant place à un silence pesant.

Un silence de mort.

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C’est ce à quoi j’ai tout de suite pensé en voyant cette photographie dans l’exposition S’élever au milieu des ruines, à Kobarie, en Syrie, en 2015 :

le crâne d’un combattant reposant parmi une multitude de cadavres. Au premier abord, il est difficile de distinguer les éléments de l’image

 ...

Puis, au fur et à mesure, on reconnaît sur le sol

une moitié de mâchoire déchiquetée,

un crâne

et enfin des habits de soldats déchirés, sales, détruits.

...

Ce qui est le plus choquant pour moi, c’est de savoir que cette photographie représente une infime partie du quotidien des pays en guerre, et particulièrement celui des Syriens depuis plus de 10 ans.