Protéger les zones humides
Les acteurs de la protection dans la Réserve Naturelle
Les élèves ont rencontré deux professionnels dont les fonctions comprennent des actions de préservation des espèces et des milieux : Christelle Dutilleul responsable de la réserve naturelle des Manneville rencontrée au cours des conférences pour les journées mondiales des zones humides et Nicolas Letay, technicien de la fédération de chasse de l’Eure, rencontré à l’occasion de la sortie au Marais-Vernier sur le site de la Grand-Mare.
Rencontre avec Christelle Dutilleuil, conservatrice de la réserve naturelle
Comment la gestion de la réserve naturelle nationale du Marais Vernier est-elle mise en place pour répondre à tout ses besoins ?
La réserve naturelle du Marais Vernier, créée en 1984 et étendue en 2013, possède une grande diversité de milieux au sein de ses 148 hectares. Au nord on peut y retrouver des zones de marais alors qu’au sud on y trouve plutôt des sols de milieux tourbeux, alcalins. Il est possible d’instaurer un plan de gestion d’une durée entre 5 et 10 ans guidé par le cahier technique CT88. Dans ce plan on retrouve trois phases : les apports des diagnostics puis les définitions des enjeux et des objectifs enfin la traduction opérationnelle pendant 10 ans.
Premièrement, dans la phase de diagnostic on retrouve une amélioration des connaissances de la faune et la flore ainsi qu’une caractérisation des sols de la réserve, la détermination des facteurs d’influences mais aussi tout un aspect administratif. Les diagnostics précédents sont utilisés pour pouvoir constituer les nouveaux. Lors du diagnostic on va trouver une liste de 11 facteurs d’influences et du niveau d’action sur ce paramètre et ce sur quoi l’on peut agir ou non, les impacts sur le marais et les menaces… Ce diagnostic va donc être essentiel pour l’élaboration des enjeux et des objectifs.
Dans un second temps, pour les objectifs a long terme on y retrouve tout d’abord la prise en compte des espèces végétales, sous la responsabilité de la réserve avec l’aide des services de la DREAL, pour la rédaction des objectifs. De façon générale, pour définir les objectifs il est possible d’étudier 2 scénarii, un pessimiste : on part du principe que les tourbières sont condamnées et que nous ne pouvons donc pas les sauver et un optimiste : avec des leviers d’actions pour sauver tous les habitats en piteux état en l’occurrence ici ce sont les milieux tourbeux qui sont en difficultés, pour le marais vernier c’est ce deuxième scénario qui est choisi.
Un seul enjeu prioritaire est défini et lié aux milieux humides tourbeux et non tourbeux : « Diversité des habitats mésotrophiles à oligotrophiles d’une zone humide alluviale dysfonctionnelle d’estuaire » (il s’agit d’un milieu dans lequel la disponibilité en éléments nutritifs est moyenne à pauvre). Cet enjeu est décliné par 2 objectifs à longs termes. Le premier est de restaurer les habitats para-tourbeux, hydrophiles et aquatiques, oligophiles et leurs faunes associées. Certains types de suivis vont aider à savoir si les objectifs vont être atteints avec des évaluations annuelles notamment le niveau d’eau, l’état des tourbes, la qualité de l’eau… Le deuxième est de favoriser la diversité des habitats ouverts, mesotrohiles à oligotrophiles et d’une zone humide alluviale avec des travaux sur les milieux ouverts, boisés, prairiaux et les différents réseaux de mares. Ces deux objectifs vont donc être indispensables à la réalisation de l’enjeu sur la dizaine d’année à venir.
Enfin, grâce aux différents travaux passants par les diagnostics jusqu’aux objectifs à long termes au sein de la réserve nationale du Marais Vernier, 92 opérations on été définies afin de répondre aux besoins et de préserver le marais pour les 10 prochaines années.
Noahn Leaustic
Rencontre avec Nicolas Letay, garde chasse
Portrait du Garde Chasse de la réserve de la Grand-Mare
Dans le marais Vernier, Nicolas Letay 28 ans garde la réserve de la Grand-Mare à Sainte-Opportune-la-Mare (Eure), près de Pont-Audemer. Il nous raconte son quotidien pour le compte de la Fédération de chasse :
Multifonction. C’est la qualité première pour occuper la fonction de garde de cette réserve :«Il faut savoir un peu tout faire. Certains jours, je bricole, je jardine ou j’élague pour gérer les lieux. À d’autres moments, je m’occupe du troupeau de chevaux ou je bague certains oiseaux migrateurs». L’agent de développement mis à disposition par la Fédération des chasseurs de l’Eure, gestionnaire du site, est en poste depuis bientôt un an.
Cette réserve de chasse et de faune sauvage de 150 ha est «un site de repos» idéal pour les oiseaux migrateurs, qui viennent se nourrir de la tourbe ou de la vase. Depuis plusieurs années, la Fédération de chasse de l’Eure, en collaboration avec l’Office français de la biodiversité (OFB), suit l’évolution des différentes populations d’oiseaux migrateurs. Pour cela, les agents de la Fédération de chasse ou de l’OFB baguent les oiseaux et leur posent des balises GPS (4 grammes) en fonction de leur poids.
L’une des principales missions de Nicolas Letay est de baguer des bécassines sur deux périodes dans l’année, entre septembre et novembre puis vers le mois de mars, le gardien de la Grand’Mare participe aux opérations de bagages. «Il faut au moins être deux ou trois car nous installons un filet pochoir. Lorsque les oiseaux sont posés, nous lançons le signal et les oiseaux se trouvent pris au piège dans le filet. L’objectif est de les garder le moins longtemps possible».
Diorama de la Fédération de chasse, représentant les animaux de la réserve
Tous les oiseaux sont ensuite observés : «Il y a trois types d’oiseaux : celui qui n’est pas bagué sur lequel nous posons une bague, celui qui est déjà bagué et celui qui sera repris, c’est-à-dire mort». En quelques minutes, les agents de la Fédération de chasse réalisent différentes mesures pour déterminer l’âge de l’oiseau et son sexe. «Les données sont ensuite transmises à l’Office de la biodiversité». Certains oiseaux, mouillés, ne sont relâchés qu’au bout de plusieurs heures, le temps que leur plumage leur permette de voler sans danger.
Les données permettent aussi de connaître les populations : «Cela nous permet de savoir s’il y a un problème au niveau de la reproduction. Si la population est viable, nous pouvons réaliser des prélèvements (chasse autorisée) mais si c’est nécessaire, ils peuvent être suspendus».
En résumé, le gardien de la Grand’Mare a pour objectif de «maintenir les prairies humides et de réouvrir le milieu». Pour cela, il doit débroussailler certains espaces. «Je dois réguler les espèces exotiques envahissantes, qu’elles soient animales ou végétales. Il y a notamment les ragondins, qui peuvent transmettre des maladies à l’homme et qui détruisent les berges en creusant des galeries. Il y a également la jussie, une plante aquatique, qui étouffe les autres plantes ».
La Fédération de chasse de l’Eure organise régulièrement des portes ouvertes afin de faire découvrir le site au public.
Ambre Masselin, Célia Eveno, Mahelia Vincent